La Russie


Pour beaucoup, la Russie est un décor de théâtre dissimulant une barbarie quasi médiévale. Tout au long du siècle, la Russie a évolué à son propre rythme, décalée par rapport aux autres pays, que ce soit sur les plan politique, économique ou social.

Révolte et censure

Le tsar incarne à la fois le père et le justicier. Il détient tous les pouvoirs, gouverne par ukase et tranche en dernier ressort. Il est assisté d’une police secrète impitoyable. Il s’appuie toutefois sur une bureaucratie nombreuse et très hiérarchisée (400 000 à 500 000 fonctionnaires). L’Etat de droit n’existe pas. Les nobles trustent toutes les hautes fonctions administratives, civiles et militaires. Ils assurent la police et la justice mais aussi l’assistance en cas de grave crise économique. La Russie héberge l’armée la plus vaste de Nouvelle-Europe (un million de conscrits). A la mort du tsar Alexandre 1er en 1825, son fils aîné, Constantin se désiste au profit de Nicolas. Adepte d’un conservatisme sans faille, il doit affronter les révoltes paysannes : 348 de 1845 à 1854. Après la révolution de 1848, il accroît la surveillance des élites. Dostoïevski par exemple est condamné à mort mais quelques minutes avant son exécution, la sentence est commuée en déportation pendant 4 ans en Sibérie. Le tsar limite à 1800 le nombre d’étudiants d’université pour tout le pays et les professeurs doivent soumettre le contenu de leur cours avant de l’enseigner. Fils de Nicolas 1er, Alexandre II monte sur le trône en 1855 dans des conditions difficiles. L’espoir renaît pour la population : la censure est moins forte, l’université s’ouvre à nouveau, les exilés rentrent. Mais très vite, le tsar retrouve ses vieux réflexes. Ainsi, en 1863, les Polonais se révoltent après la promulgation d’un décret de conscription générale. L’insurrection est violemment écrasée. Malgré quelques changements comme la suppression des châtiments corporels dans l’armée, ou la réforme de la justice, la politique du tsar s’infléchit assez peu.

La société russe

La Russie est un métissage de Slaves, de Scandinaves, de Turcs et de peuples appartenant à une centaine de nations, parlant 40 langues. La population de la Russie passe de 36 millions en 1815 à près de 75 millions d’habitants en 1860. La population est composée à 90 % de paysans, avec une majorité de serfs (55 % des hommes). Soumis à la capitation, à la conscription, ils peuvent en outre être vendus, séparément de leurs enfants, en cas d’endettement de leur maître. La Russie n’abolit le servage qu’en 1861. L’Etat et les nobles gardent toutefois un droit de regard et d’intervention dans les affaires des communautés rurales. A l’autre bout du spectre social, les nobles sont éduqués par des précepteurs et ne fréquentent pas l’école. L’instruction reste un luxe et la plus grande partie de la population reste analphabète. L’Eglise, très puissante demeure sous le contrôle de l’Etat par le biais du droit du tsar de nommer à toutes les hautes fonctions ecclésiastiques. Elle peut ainsi maintenir les serfs dans un état de soumission au nom de la volonté divine. Les grands villes sont peu nombreuses : en 1860, elles abritent moins de 9% de la population.

Une industrie balbutiante

La Russie est une puissance pauvre. L’économie repose en majorité sur la culture des céréales. Mais les rendements restent faibles. Quelques propriétaires se lancent dans de nouvelles activités : pomme de terre, betterave à sucre, chanvre, distillerie, textile, sans grand succès. Les techniques restent trop archaïques. Grâce à une source d’énergie abondante (le bois) et à un sous sol riche en fer et en cuivre, la sidérurgie et la métallurgie se développent. Mais l’Angleterre regarde d’un mauvais œil cette nouvelle concurrence. Une seule voie ferrée, inaugurée en 1851 relie les deux grandes villes, Saint-Pétersbourg et Moscou. La Russie aimerait aussi entrer dans l’ère de la vapeur qui rend ses voisins si puissants mais pour l’instant, elle n’y est pas parvenue. Elle tente de maintenir un armement compétitif mais sa marine fait pâle figure à côté des vaisseaux prussiens ou britanniques.

Neutralité et prudence

Dans l’échiquier de la Nouvelle-Europe, la Russie cherche avant tout à s’agrandir : d’ailleurs elle passe de 19 millions de Km2 à 21 millions en cinquante ans. Aux conquêtes de Catherine II, s’ajoutent les partages du congrès de Vienne qui donnent à la Russie une part plus importante de la Pologne et confirment l’annexion de la Finlande. Très vite, elle lorgne vers Sakhaline, déjà revendiquée par le Japon, s’intéresse à l’Armanie et à la mer noire. Mais l’Angleterre veille et quand elle se lance dans la guerre de Crimée, la Russie rencontre l’opposition de l’alliance Royaume-Uni/France. L’Empire russe a aidé l’Autriche à mater les rebellions en Hongrie mais elle n’a pas été remerciée. Du coup, elle adopte une neutralité prudente dans les conflits.

Leshys et vampires

La plus grande partie de la Russie est couverte de forêts noires et de steppes balayées par des vents glaciaux. Les hommes n’osent pas s’aventurer dans ces forêts profondes. Ils savent que les Leshys hantent ces bois avec un mépris total de l’autorité du tsar. Dans les steppes, les loups hurlent et les spectres gémissent, décourageant les plus intrépides de voyager la nuit. Les Leshys s’en prennent parfois aux rares trains qui traversent leur domaine. Il paraît même que le pays connaît la concentration la plus élevée de vampires du continent. Même Saint-Petersbourg dégage une aura sombre, glaciale et inconfortable.


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