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La thaumaturgie

La magie est encore vivante en Nouvelle-Europe, et porte le nom de thaumaturgie. La sorcellerie est une réalité dans le monde de Falkenstein. Elle est codifiée, étudiée et utilisée de la même façon que l’on exploite, dans notre monde, l’énergie grâce aux théories de la physique. Mais la thaumaturgie est encore une discipline peu répandue, l’apanage de mages hautement entraînés appartenant à des ordres secrets, des fraternités ou des loges de thaumaturgie. La Magie entre dans le voile féerique et peu éventuellement traverser les dimensions, donc gare !

Les Faë, des thaumaturges nés

Les Faë maîtrisent naturellement trois formes de thaumaturgie qui leur sont propres : l’Ethéréïté, le Charme et les Pouvoirs de l’Espèce. L’Ethéréïté est l’art de modifier son état physique et qui permet aux Faë de passer à travers les murs et de prendre n’importe quelle forme (ce qui nécessite toutefois une heure de préparation)… Le Charme permet aux Faë de créer des illusions. Les Pouvoirs de l’Espèce sont des aptitudes magiques liées à l’espèce du Faë. Les Russallies peuvent ainsi lever des tempêtes, les Seigneur Faë (Daoine Sidhe) soumettre les mortels à leur volonté, les charmer et les faire tomber amoureux et les Selkie se transformer en phoques… Les Faë, excepté Auberon, ne peuvent pratiquer la sorcellerie.

Les thaumaturges humains

Les thaumaturges n’ont rien de commun avec les magiciens de l’heroic fantasy traditionnelle. Prenons l’exemple du Grand Ordre de la Loge Franc-maçonnique, qui est un mélange de société secrète, de secte et de club de gentlemen, une sorte de sanctuaire de sorcellerie. Les Francs-maçons possèdent des Loges secrètes dans le monde entier, où ils discutent de sortilèges, de théories de sorcellerie, de bons cigares et des agissements des ordres rivaux. Ils ont des mots de passe et des signes secrets. Comme la plupart des cabales du monde de Falkenstein, les maçons ont aussi un symbole secret qui, porté de manière circonspecte, leur permet de se reconnaître. Façonner un sort (construire le nœud d’énergies thaumaturgiques qui crée un effet donné) demande tellement de temps et représente une tâche d’une telle complexité qu’il exige la collaboration d’un grand nombre de pratiquants. Mais les chances de réunir un groupe important, à des fins de coopération, pour une longue période de temps sont assez minces. On peut facilement imaginer que, quelques instants après que le premier Grand Sort a été lancé, les participants ont commencé à dire : "Maintenant, nous devrions utiliser notre pouvoir pour..." et qu’ils ont eu autant d’idées différentes qu’il y avait de personnes présentes. En quelques instants, la première grande guerre thaumaturgique était née. Et de grandes guerres thaumaturgiques, la Nouvelle-Europe en a connu beaucoup. Simplement, le commun des mortels n’en entend jamais parler. Par exemple, en 1521, des prêtres templiers voyageant avec Cortez vers le Nouveau Monde furent tellement choqués par les sacrifices humains perpétrés par les Aztèques qu’ils lancèrent un Grand Sort pour exterminer leur civilisation. Les Aztèques répliquèrent en jetant un sort de folie contre l’Église espagnole, qui se manifesta dans les pratiques autodestructrices et meurtrières de l’Inquisition. Il est rare que les Néo-Européens prennent conscience de ces luttes. Pour l’homme de la rue, le seul signe perceptible des luttes entre ordres de sorcellerie rivaux est peut-être une vague de morts et de disparitions mystérieuses. De nombreuses choses se trament sous la surface placide de la vie falkensteinienne, en plus des complots des savants fous, des génies du mal et des organisations secrètes qui font les grands titres des journaux de l’Âge de la Vapeur.

Comment fonctionne la thaumaturgie ?

Les nœuds éthérés Il existe un niveau de réalité "super-subatomique" sous-jacent qui définit les règles de la réalité tangible. "L’Art" de la thaumaturgie est composé de la capacité de "voir" ces réseaux d’énergies qui sous-tendent la réalité, et de la capacité à les manipuler pour tisser d’immenses nœuds qui modifient le tissu même de la réalité. Confectionner de nouveaux nœuds est l’essence de la Haute Sorcellerie, puisque la forme du nœud et les types d’énergies utilisées pour le lier créent l’effet recherché. Meilleur est votre Talent de Sorcellerie, mieux vous percevez et manipulez les fils de la trame subéthérale et plus il vous est facile de rassembler l’énergie thaumaturgique.

Champs magnétiques et thaumaturgie

L’une des hypothèses qui explique la sorcellerie est que la réalité subatomique peut être manipulée en utilisant des champs magnétiques très ciblés, et que les gens possédant le Don ont la capacité mentale de générer ces champs. Ce Don semble héréditaire, provenant de croisements occasionnels entre humains et Faë au cours des derniers millénaires. Logiquement, puisque les Faë sont une espèce basée sur l’énergie, une telle capacité devrait leur être extrêmement utile et pourrait même leur permettre de former des corps physiques différents... Cela expliquerait aussi beaucoup de choses sur l’Ingénierie Thaumaturgique. La plupart des réalisations de cette forme de l’Art sont purement mécaniques, mais certaines parties du moteur doivent toujours être construites en Fer Froid pour permettre au dispositif de fonctionner normalement. Si le Fer Froid (qui est magnétique) peut manipuler des champs magnétiques/thaumaturgiques, cela permettrait d’éclairer non seulement l’Ingénierie Thaumaturgique, mais également la vulnérabilité des Faë au Fer Froid. Après tout, ils ne sont guère plus que de l’énergie thaumaturgique pure. Toucher le Fer Froid doit avoir pour effet de "décharger leurs circuits"...

Sorts et intuition

Dans la pratique de la thaumaturgie, chaque sorcier se sert intuitivement de l’Art et des Aspects pour façonner les nœuds de ses sorts et accomplir diverses variations sur un thème fondamental. Tous les mots et gestes mystérieux qui accompagnent le sort permettent à l’initié de disposer des repères pour savoir quand doit être liée telle ou telle partie du nœud. Cela est très important, car une erreur dans un nœud ne se contente pas de délacer votre soulier, mais risque d’effacer des cités entières de la surface de la Terre ou de vous transformer en grenouille. Les sorts sont donc le résultat de la somme des recherches entreprises depuis des siècles (par essais successifs et erreurs quelquefois fatales) sur une série de nœuds magiques qui créent un type particulier d’effets. Quand vous connaissez la théorie de l’Invocation des objets, vous pouvez invoquer pratiquement n’importe quoi. Les seules différences portent sur la nature de ce que vous voulez invoquer, où il se trouve, etc. C’est ce que les sorciers appellent les Définitions. Lorsqu’une masse suffisante d’informations sur une famille de sortilèges est rassemblée, elle devient une Connaissance Occulte.

Les Connaissances Occultes

Chaque ordre de sorcellerie possède ses propres corps de Connaissances Occultes, décrits dans divers livres et grimoires. Deux ordres ne possèdent jamais les mêmes livres, ce qui rend assez problématique la détermination de qui possède exactement telle ou telle Connaissance. La localisation exacte de chaque corps de Connaissances, voilée par le secret, est imprécise à souhait. Cela veut dire qu’il est fort peu probable qu’il existe un jour un champ théorique unifié de la thaumaturgie.

La sorcellerie de l’Âge de la Vapeur

La sorcellerie de l’Âge de la Vapeur est surtout liée à une tradition scolastique. Au lieu d’un mage isolé affublé d’un chapeau bizarre, vivant seul dans les bois avec ses sorts et ses familiers, la thaumaturgie scolastique prend ses racines dans les grands temples et les prêtrises mystiques des temps anciens : les chevaliers du Temple, les Rosicruciens ou les Loges druidiques... Acquérant leur savoir grâce à des runes de pouvoir et des fraternités secrètes, les sorciers scolastiques œuvrent dans des ordres et des loges. Les règles de ces ordres sont strictes, confidentielles et sont transmises depuis des centaines de générations. Ils conservent des bibliothèques et fondent des universités de sorcellerie. La sorcellerie scolastique s’intéresse moins à l’accroissement du pouvoir personnel qu’à la maîtrise des connaissances ésotériques détenues par un ordre. Le talent personnel est important, mais savoir utiliser la Connaissance de son ordre rend le sorcier beaucoup plus puissant. C’est là une thaumaturgie bien différente de celle des romans d’heroic fantasy. Dans la sorcellerie scolastique, il n’y a pas de maître solitaire formant des apprentis. Il y a des écoles où des initiés de haut rang partagent leurs connaissances avec leurs successeurs et où l’information est la transmission directe de savoirs apprises il y a quelques siècles ou millénaires. Ainsi, certaines connaissances des Illuminés de Bavière auraient été découvertes par les grands prêtres de Mésopotamie et auraient été transmises inchangées depuis cette époque. On assure que certains grands sorts druidiques remontent à l’ère néolithique et auraient pu être utilisées par les chamans néandertaliens pour influencer le monde matériel de l’ère glaciaire. Si un sorcier scolastique désire s’engager dans une sorcellerie rapide, il dispose de deux options. La première est de projeter sa volonté comme une force tangible pour dominer le cerveau de son adversaire. C’est le Duel de Vrai Sorcellerie, qui se termine lorsqu’un des participants a le cerveau réduit en bouillie par les attaques mentales de son ennemi. La seconde méthode est plus expéditive, mais est nettement plus dangereuse. La sorcellerie néo-européenne repose sur le rassemblement de fils de pouvoir autour de soi et leur intégration dans un nœud qui crée une nouvelle définition de la réalité. Le plus grand inconvénient est le temps nécessaire à cette opération. Mais il existe une source instantanée de pouvoir déjà rassemblé et accessible : soi-même. En détramant les fils de son être comme s’il était un vieux pull, le sorcier peut tisser un sortilège. Toutefois, le danger est qu’il risque de se "détramer" jusqu’à la mort. Certains sorciers maléfiques sacrifient des vies pour obtenir une source d’énergie rapide et facile en les détramant. En bref, la sorcellerie fait partie intégrante d’une guerre entre fraternités et associations ésotériques engagées dans une bataille occulte et perpétuelle pour la suprématie. Chaque ordre maintenant son propre corps de Connaissances Occultes, un sorcier est souvent dans l’obligation d’adhérer à un certain nombre de groupes pour posséder un savoir complet. Il arrive fréquemment que ces ordres soient en opposition, ce qui exige de la part de leurs membres un équilibre attentif de loyauté et d’alliances. En général, il est extrêmement difficile d’intégrer un ordre. Il faut être parrainé par plusieurs de ses membres, et même dans ce cas, il faut faire ses preuves pendant plusieurs mois avant d’avoir accès à quelques-uns de leurs secrets ; Il devient ensuite possible de compulser leurs livres de Connaissances Occultes, réservés aux seuls initiés, et qui demandent généralement plusieurs mois d’étude attentive. La plupart des thaumaturges s’estiment heureux d’appartenir au moins à un ordre.

Devenir un sorcier

Comment peut-on commencer une carrière exaltante de praticien des arts ésotériques à l’Âge de la Vapeur ? La première condition est de posséder le Don : la capacité à manipuler les nœuds invisibles qui donnent corps à la réalité thaumaturgique. L’étape suivante est de trouver un ordre secret prêt à vous initier. Inutile de vous fatiguer à le chercher. Il saura bien vous trouver de lui-même. Les personnes douées étant en déficit, les Initiés sont toujours à la recherche de personnes qu’ils soupçonnent posséder des capacités thaumaturgiques. Lorsqu’ils penseront que vous êtes prêts, ils vous contacteront. En tant que novice, vous apprendrez les règles de base et les Incantations. Plus tard, en tant qu’Initié, vous étudierez les Connaissances de l’ordre et ses grimoires thaumaturgiques. Enfin, devenu Maître (et, plus tard, Grand Maître), vous chercherez à augmenter le savoir de l’ordre et à faire avancer ses causes et ses buts.

Merci à Anne Vétillard

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